La Franc-Maçonnerie anglaise et Dieu
Il est de notoriété publique que pour la GLUA, le GADLU est Dieu. Si les anciens devoirs font explicitement référence à Dieu, qu'en est-il des textes officiels de la GLUA ?
Remontons d'abord un peu dans le temps, et plus précisément en septembre 1877 lorsque le GODF supprima de l’article 1er de sa constitution l’obligation pour ses membres de croire en Dieu et en l’immortalité de l’âme. La réplique de la GLUA ne se fit pas longtemps attendre ; lors de sa réunion trimestrielle du 6 mars 1878, elle fit la déclaration suivante :
"La Grande Loge toujours désireuse de recevoir dans l'esprit le plus fraternel les Frères appartenant à toute Grande Loge étrangère dont les travaux sont effectués selon les anciens Landmarks de l'Ordre, dont le premier et le plus important est la croyance au GADLU (le Grand Architecte de l'Univers), ne peut reconnaître comme "vrais et véritables" Frères ceux qui ont été initiés dans des Loges qui nient ou ignorent cette croyance."
Il semble que cela soit là la toute première apparition de ce "premier" et "plus important" landmark. Il faut savoir que la GLUA n'a jamais défini aucun landmark à part celui-ci.
Vous noterez de plus qu'il n'est ici nullement question de croyance en Dieu dans cette déclaration, mais de croyance au GADLU.
Ce "premier" et "plus important" landmark fut introduit dans le Livre des Constitutions de la GLUA en 1913, et il y figure toujours aujourd'hui (article 125.b)
"Aucune Frère qui n'est pas membre de la Grande Loge ne sera admis à moins que son certificat prouve qu'il a été initié selon les anciens rites et cérémonies dans une loge appartenant à une Grande Loge professant la croyance au GADLU, ce certificat ne devant être considéré comme valable que s'il est accordé par une Grande Loge reconnue par la Grande Loge, ni à moins que lui-même reconnaisse que cette croyance est un landmark essentiel de l'Ordre, et est capable de produire la preuve de sa bonne réputation dans sa ou ses loges"
La croyance au Grand Architecte de l'univers est donc pour la GLUA un landmark incontournable de l'Ordre. Elle le rappellera sous une forme un peu différente dans le point 3 des "Aims and Relationship of the Craft" de 1949 (Buts et Relations du Métier) :
"La première condition pour être admis, et être membre de l'Ordre est la croyance dans l’Être Suprême. C'est essentiel et n'admet aucun compromis".
Cette croyance au GADLU, ou en l'Être Suprême, conditionne de plus la reconnaissance d'autres Grandes Loges, comme spécifié dans l'article 2 des fameux "Basic Principles for Grand Lodge recognition" de 1929 (Principe de base pour la reconnaissance d'une Grande Loge), avec une notion additionnelle, la révélation :
"Que la croyance au GADLU. et en Sa volonté révélée devra être une condition essentielle de l'admission des membres."
Résumons, "croyance au GADLU", "croyance au GADLU et Sa volonté révélée", "croyance en l'Être Suprême", mais toujours pas question de Dieu... Vous pouvez chercher dans tous les textes officiels actuels de la GLUA, la seule occurrence du mot "Dieu" apparait dans le Grand Livre des Constitutions, lorsqu'il est fait rappel de la version 1813 du fameux chapitre "Concernant Dieu et la religion" des Constitutions d'Anderson, initialement écrites en 1723, puis remaniées en 1738 et en 1813 :
"Un maçon est obligé, de par sa tenure, d'obéir à la loi morale et s'il comprend bien l'Art, il ne sera jamais un athée stupide ni un libertin irreligieux. De tous les hommes, il doit le mieux comprendre que Dieu voit autrement que l'homme car l'homme voit l'apparence extérieure alors que Dieu voit le coeur. Un maçon est par conséquent particulièrement astreint à ne jamais agir à l'encontre des commandements de sa conscience. Quelle que soit la religion de l'homme ou sa manière d'adorer, il n'est pas exclu de l'Ordre, pourvu qu'il croie au glorieux Architecte du ciel et de la terre et qu'il pratique les devoirs sacrés de la morale. Les maçons s'unissent aux hommes vertueux de toutes les croyances dans le lien solide et agréable de l'amour fraternel, on leur apprend à voir les erreurs de l'humanité avec compassion et à s'efforcer, par la pureté de leur propre conduite, de démontrer la haute supériorité de la foi particulière qu'ils professent."
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Cette partie historique n'existe plus aujourd'hui dans la version actuelle des constitutions de la GLUA. Alors comment savoir aujourd'hui, sauf en faisant des recherches assez poussées hors de portée des profanes, qu'il est fait obligation aux membres de la GLUA de croire en Dieu, voire en sa volonté révélée ? Car si l
(rubrique "What is Freemasonry’s relationship with religion?")
Bibliographie :
Régularité Maçonnique. Alain Bernheim. Editions Télètes. 2014
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