Reconnaissance et éthique

Les Grandes Loges de Washington DC et du Brésil semblent avoir rétabli leurs relations avec la GLNF. Elles sont les seules du continent Nord et Sud Américain. La première est petite (4000 membres) mais influente et pour le seconde c'est sans doute le contraire.

Personne ne peut contester leur choix car elles sont souveraines. Mais il importe de souligner que ce choix n'obéit pas à l'éthique. Il ne s'agit pas de reprocher à ces deux Grandes Loges de ne pas avoir préféré la Confédération qui est encore trop jeune (une semaine) pour y prétendre immédiatement. Ce que l'on peut reprocher à Washington et au Brésil est de s'être déterminé sans le moindre souci d'éthique. En l'occurrence l'éthique consistait à considérer non seulement le retour à l'ordre (en l'occurrence la cessation de l'administration judiciaire) mais aussi le retour aux valeurs de la maçonnerie universelle.

Lorsqu'on observe qu'une Grande Loge (la glnf) réforme ses statuts pour ôter à ses Loges toute souveraineté, pour ôter à ses membres leur droit de désigner leur chef; qu'elle maintient en place le système et les hommes qui avaient suscité le plus grand scandale maçonnique de l'histoire; qu'elle continue à maintenir l'opacité de ses comptes et à détourner de leur objet les sommes versées pour la philanthropie (OAF); qu'elle prétend inférer sur la liberté de conscience de ses membres obligés de concevoir Dieu suivant la vision du Grand Maître et met en place un véritable culte de la personnalité autour de lui (lien ultime...); qu'elle persiste à subir l'intrusion des profanes dans ses Temples (les policiers de Nice); Lorsqu'on observe cela, on ne reconnaît pas. À tout le moins on se donne le temps de la réflexion.

Reconnaître la GLNF c'est signifier que ce que l'on accepterait jamais pour soi même est tolérable pour les frères étrangers. Que la GLNF soit de facto et statutairement devenue une organisation au fonctionnement sectaire serait donc acceptable pour les français et inacceptable pour les américains. Le raisonnement choque. Il conduit à cette conclusion que pour ces deux Grandes Loges américaines l'éthique n'a aucune place dans le choix.

C'est évidemment regrettable car cela nuit à l'unité de la franc maçonnerie et au rayonnement des Grandes Loges qui ont pris trop hâtivement et trop légèrement leur décision.

L'unité : comment peut on réunir ce qui est épars dans le Monde si ce n'est autour de valeurs partagées. Si l'on admet en les reconnaissant que des Grandes Loges (GLNF) puissent trahir ces valeurs on nuit à l'Unité et à la lisibilité du message maçonnique.

Le rayonnement : Les deux Grandes Loges américaines ne peuvent prétendre rayonner sur le plan des idées dans le Monde maçonnique en ayant reconnu ce qui moralement ne pouvait l'être.

Fort heureusement leur décision est isolée. Il est certain que les autres Grandes Loges du Monde (et Londres au premier chef) prendront leur temps pour juger en conscience au bénéfice de la vertu. Pour ce qui nous concerne nous sommes convaincus que le chantier de la construction de la maçonnerie régulière du XXIÈME siècle se situe en Europe.

Brutus